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Dans le « Vingtième Siècle » de Robida, un tube sous-marin de 8 000 km aurait également relié Brest à Panama, avec une halte sous-marine vers les Açores, 1118 mètres sous le niveau de la mer. Ocean Spiral, la ville sous-marine projetée par la compagnie Shimizu au Japon pour 2030 et destinée à accueillir 5 000 résidents, comportera une sphère de 500 de diamètre, soit le diamètre de la cloche de fer imaginée par Albert Robida.
Pour ce dernier l’encombrement surfacique des rues de Paris est résolu par le développement du transport aérien. Ses aéronefs (aérocab, aéro acre, omnibus-aéroflèche, ballons- réclames, etc.) sont essentiellement des dirigeables dans son premier ouvrage mais se rapprochent plus d’aérodynes dans celui en 1892. Le premier vol d’un « avion », l’Eole de Clément Ader, date de 1890. Un tel développement de l’aéronautique urbaine n’a pas eu lieu. Cependant l’idée d’un hybride voiture-avion fait son chemin et Xplorair, capable de voler à 200 km/h, pourrait être opérationnel en 2020. D’autre part le développement des drones, notamment pour les livraisons de colis, fait son chemin. Dans l’œuvre de Robida, le développement du transport aérien urbain influence fortement l’architecture urbaine avec la construction de
gigantesques embarcadères (500 mètres de haut pour celui de Chatou). D’ailleurs Notre-Dame, l’Arc de Triomphe, la tour Eiffel (construite en 1889) ou la tour Saint-Jacques sont surmontées d’immenses structures en acier : verre et carton-pâte sont les deux autres matériaux de choix pour la construction des bâtiments. Si la prédiction de Robida s’est réalisée pour le verre, nos murs ne sont pas encore vraiment en carton. Par contre Robida ne fait aucunement mention de l’aluminium. Jusqu’en 1886, sa production était très coûteuse. Ce sont le procédé par électrolyse d’alumine dissous dans la cryolite (mélange de fluorure d’aluminium et de sodium), mis au point par Héroult et Hall en 1886, puis le procédé Bayer, en 1887, de production d’alumine à partir de la bauxite, qui ont permis l’utilisation à grande échelle de ce métal, dans la construction de bâtiments comme en aéronautique.
Ce ne sera qu’à la n du XIXème siècle que l’éclairage public électrique commencera à être développé et à supplanter les becs de gaz. Jules Verne envisageait quant à lui l’utilisation de lampes à mercure, dont les premiers embryons datent du début du XVIIIème siècle, pour un éclairage puissant des rues dans lesquelles circulaient des voitures à hydrogène. Verne connaissait le principe du
« moteur dilaté par la combustion du gaz de l’éclairage enflammé par l’électricité » d’Etienne Lenoir (brevet déposé en 1860) et avait envisagé son application à l’hydrogène. De nos jours, l’utilisation de l’hydrogène pour la propulsion de véhicules est encore balbutiante.
En matière d’urbanisme, Robida avait également envisagé le développement d’îles arti cielles : des îles factices pour servir de refuge en cas de naufrage, mais aussi un sixième continent, créé en reliant les îles polynésiennes entre elles et permettant d’absorber l’augmentation de population. Le concept d’îles arti cielles n’est pas nouveau, mais les développements récents de grandes structures telles que les Palm Islands à Dubai, l’île de la Fédération en Mer Noire conçue par Erick van Egeraat, ou les îles amphibies de Adrian Geuze aux Pays- Bas montrent que les idées de Robida dans ce domaine n’étaient pas des utopies.
C’est certainement dans le domaine des télécommunications que les idées visionnaires de Verne et de Robida ont été les plus abouties, même si les détails techniques donnés par ces deux auteurs dans leurs textes restent minces. Les télégraphes optiques se développèrent commercialement à la n du XVIIIème siècle grâce aux travaux de Claude Chappe. C’est à partir des années 1830 que plusieurs inventeurs contribuèrent à l’avènement de la télégraphie électrique. L’ancêtre du fax, le pantélégraphe, fut inventé en 1856 par Giovanni Caselli. Verne indique que lors d’une expérience solennelle réalisée en 1903, (soit quarante ans après l’écriture de son roman) deux expérimentateurs ont fait parcourir à une dépêche le tour de la Terre, grâce au réseau télégraphique. Le premier bélinographe (d’Edouard Belin) ne verra le jour qu’en 1908 : il permet de transmettre à distance des photographies et est l’ancêtre du photocopieur. Le téléphonoscope est largement présent dans l’œuvre de Robida. Avec son écran de cristal, il permet la communication de sons (musique, paroles) et d’images en temps réel entre deux émetteurs/récepteurs. Concerts, journaux « télévisés », pièces de théâtre peuvent être retransmis.
Pyramide du Louvre (Photo : M-N. Pons)