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La résilience territoriale : apport des modélisations intégratives pour les ressources sols et eau
INTRODUCTION
L’étalement urbain, réglementé via les documents de plani cation dans les pays développés ou plus anarchique dans les pays émergents, fait disparaître les espaces agricoles et/ou rend les sols impropres à l’agriculture, modi e le cycle local de l’eau et fragmente les habitats naturels. Dans certains territoires sous tension, en particulier vis-à-vis de la ressource en eau, l’urbanisation met d’ores et déjà en danger la disponibilité des ressources locales (sol, eau), les services éco-systémiques associés et le potentiel agricole et par là-même la sécurité alimentaire territoriale. Les conséquences de ce processus peuvent être ampli ées par les effets du changement climatique. Le climat détermine l’intensité des processus dans la zone critique terrestre, i.e. zone allant de la nappe souterraine jusqu’au sommet de la canopée, dé nit les éco- et agrosystèmes et par rétroaction conditionne les services éco-systémiques. La dynamique de réchauffement actuel conduit à une augmentation des évènements
météorologiques rares (plus grande variabilité dans l’espace et le temps) et à une modi cation des tendances régionales : à la fois des précipitations (quantité, distribution saisonnière) et des températures (moyennes, amplitudes).
De fait, « la manière dont le territoire va se positionner par rapport à ces pressions et à la rareté des ressources non délocalisables que sont les sols et l’eau, va devenir déterminante dans l’évaluation que les investisseurs feront de son attractivité et de sa sécurité pour les opérations qui y seront engagées »19 (Astuce & Tic, 2011).
Face à ces changements globaux, les autorités locales ou parties prenantes qui prennent des décisions en matière d’aménagement territorial ont besoin d’une approche intégrée fondée sur une démarche scienti que pour : (i) consolider les connaissances sur l’état des ressources du territoire (ii) évaluer quantitativement à moyen terme (e.g. 20/30 ans) les impacts du développement urbain et du changement climatique sur les ressources locales et services
éco-systémiques de leur territoire ; (iii) animer la concertation entre les acteurs à partir de représentations factuelles du territoire et de scénarii à partager.
Les besoins ainsi exprimés par ces utilisateurs naux sont (i) de sécuriser et justi er les choix de développement et (ii) de disposer d’un cadre partageable (un diagnostic robuste, factuel et quantitatif) pour la prise de décision.
La sécurisation des choix de développement implique :
• la capacité de comparer les différentes options et leurs implications,
• l’accompagnement pour la révision des options dans le temps,
• l’accompagnement dans la maîtrise de l’étalement urbain,
•l’anticipation des conséquences et l’identi cation des mesures à prendre face au changement climatique,
• l’accompagnement dans leurs choix de développement agricole.
La mise à disposition d’un cadre partageable implique :
19. Chiffre-clé : Coût de la dégradation des milieux et diminution des services rendus par les écosystèmes pour la croissance économique européenne = a minima 7% du PIB mondial en 2050 hors changement climatique.
Par Fabienne Trolard et Guilhem Bourrie, INRA et UAPV ; Jérémy Gasc, Rachel Jouan et Jean Lecroart, Artelia Eau & Environnement et Jean-François Closet, G2C Ingénierie