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INTRODUCTION
Les réflexions proposées dans ce chapitre soulignent toutes l’ampleur et la radicalité des changements induits par la transition numérique sur les territoires et les services publics, du fait de la globalité des impacts. C’est une « révolution », porteuse en même temps de
potentialités fort positives et d’enjeux sociologiques sensibles, comme le montrent Alain Rallet et Alain Bourdin.
Cette dualité des enjeux correspond à la théorie de l’innovation destructrice décrite par Schumpeter, quand des modèles et produits économiques innovants rendent obsolètes des modèles et produits établis, avec pour conséquence la perte de leur emploi pour des agents économiques soudainement déquali és (au plan des savoir-faire, de la géographie, de la compétitivité). Mais ici les changements sociaux induits par le numérique affectent aussi l’environnement comportemental des citoyens, l’évolution de leurs territoires de référence, physiquement et qualitativement.
Cette double perspective sur les impacts positifs et négatifs de la transition numérique permet de situer les conditions nécessaires pour sa canalisation positive, notamment pour l’induire vers les territoires et villes intelligentes, vers les services publics urbains intelligents (ou « augmentés » pour annoncer une conclusion provisoire).
«Vision systémique», «décloisonnement», «inclusion» paraissent ainsi les mots-clés pour traduire les enjeux du numérique ; on reconnaît d’ailleurs ici les termes qui ressortaient concernant les conditions d’une innovation féconde pour les services publiques urbains, à l’issue du congrès précédent de l’ASTEE, selon le position paper qu’il avait permis d’établir16. Ces mots-clés se justi ent de deux manières :
• d’une part, parce que la multiplicité et la globalité des impacts nécessitent une approche holistique de la gestion urbaine, à traduire en grandes problématiques fonctionnelles qui concernent à la fois les spécialistes de l’économie, de la sociologie ou des services urbains, mais aussi les utilisateurs sur les questions qui les motivent (Alain Bourdin rappelle qu’on ne fait pas le bonheur des gens malgré eux, et, dans un chapitre ultérieur, Sylvain Rotillon pointe que tout le monde n’est pas prêt à émettre un avis sur n’importe quel sujet) ; il s’agit aussi de faire dialoguer les différentes échelles.
• d’autre part, parce que le numérique fournit des outils à de telles transversalités, favorables à la fois à une compréhension systémique des enjeux urbains et à la promotion d’innovations adaptées à ces enjeux, c’est notamment le point de vue de Jean-Louis Missika (Adjoint à la Maire de Paris).
Dès lors, comment promouvoir cette vision systémique et inclusive ?
Une vision épistémologique générale est proposée par le texte de Florent Boithias (Cerema).
Compte tenu de l’importance des dynamiques d’acculturation et d’inclusion, c’est un chapitre suivant du présent ouvrage qui est dédié à différentes réflexions à ce sujet : des groupes humains d’expérience, de génération ou de fonctions différentes de créer des projets communs ou d’intégrer des visions globales au cadre de projets plus sectoriels. Cette acculturation généralisée traduit en termes pratiques la nécessite d’attitudes d’écoute et d’inclusion.
Mais le numérique permet déjà de mettre en œuvre des moyens de prospective et de gestion systémique des territoires, de leurs ressources, de leurs services, comme en témoignent les maquettes numériques de territoires (Laurent Vigneau, Artelia), ou une modélisation urbaine systémique adaptée au domaine de l’eau (Forcity, SEDIF, VEDIF).
16. Document téléchargeable sur http://www.astee.org/position-paper-de-lastee-sur-linnovation


































































































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