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GÉRER LA CONTRADICTION ENTRE DES CYCLES TECHNOLOGIQUES RAPIDES ET DES INVESTISSEMENTS PHYSIQUES DE LONG TERME
Le positionnement des collectivités locales est d’autant plus dif cile que le progrès technologique dans le numérique est particulièrement rapide et ne ralentit pas. C’est une singularité de cette révolution, matérialisée par la fameuse loi de Moore. Une technologie s’est à peine diffusée qu’une autre apparaît. Or les investissements dans de nouveaux services sont particulièrement lourds dès lors qu’ils s’inscrivent dans des dispositifs techniques territorialement ancrés. Le cycle des produits et services numériques est profondément discordant avec celui des investissements territoriaux. Une manière de traiter cette contradiction est de découpler les services des infrastructures physiques en con ant
Le champ de l’innovation dans le domaine territorial est assez bien délimité par l’expression « smart cities » c’est-à-dire l’émergence de services territoriaux innovants qui reposent sur la pervasiveness de l’informatique (sa propension à envahir de nombreux objets les rendant ainsi « intelligents »), la connectivité des réseaux (de télécoms mais aussi d’électricité, d’eau, de transport...)etlacapacitédetraiterdes masses d’information (Big Data) (Attour et Rallet, 2014).
Les services recouvrent des domaines différents et mobilisent des acteurs en partie distincts. Ils concernent :
•la gestion «intelligente» des utilities urbaines (eau, électricité, télécoms, déchets, transports...). L’objectif est d’optimiser les divers réseaux (smart grids). Les opérateurs de réseau et les autorités locales sont les principaux acteurs concernés.
celles-ci à des acteurs capables d’en assumer le risque. C’est pourquoi il existe une forte pression pour le déléguer aux collectivités locales, à l’image de leur engagement dans les réseaux haut ou très haut débit.
C’est une tendance générale du numérique : les acteurs gagnants (de Google à Facebook en passant par Blablacar, Uber) ne développent pas d’infrastructures territorialisées. On les appelle pour cette raison des acteurs «Over The Top» (OTT). Ce sont des plateformes logicielles qui doivent leur succèsàleurfonctiondemiseenrelation et aux effets réseau que cette fonction génère.Leurpositionnementstratégique au cœur de l’économie numérique leur
• la gestion des équipements urbains (smart buildings, infrastructures publiques...). L’objectif qui est de diminuer leur consommation énergétique mobilise les entreprises de BTP, les fournisseurs d’équipements des immeubles, les utilisateurs, les autorités locales et les opérateurs de réseau.
• la mobilité, que ce soient les services d’aideàlamobilité(régulationdutra c, navigation du voyageur, multimodalité, places libres de parking, location ou partage de moyens de transport...) ou les services en situation de mobilité (accès à des sources d’information, services de géolocalisation, réalité augmentée, services de paiement...). La fourniture de ces services fait intervenir un grand nombre d’acteurs : opérateurs de réseau, détenteurs de données urbaines, constructeurs automobiles, communautés d’utilisateurs, services
permet de capter la valeur créée par les nouveaux services. Cela ne pose pas de problèmes lorsqu’il existe un mécanisme de redistribution de cette valeur au pro t des acteurs de la couche infrastructurelle, mais c’est loin d’être le cas. Par exemple, les institutions publiques tendent à ouvrir leurs bases de données (Open Data) par souci de transparence et d’encouragement à l’innovation. C’est très louable mais une ouverture sans précaution peut béné cier aux acteurs OTT sans qu’ils rétrocèdent une partie de la valeur créée par l’exploitation de ces données aux acteurs nançant la production et l’entretien des bases.
UNE GRANDE DIVERSITÉ DE SERVICES ET D’ACTEURS SOUS L’APPELLATION « SMART CITIES »
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municipaux, banques, organismes de standardisation...
de manière extensive, les services qui permettent d’avoir une meilleure connaissance des territoires grâce au traitement d’informations publiques auparavant non disponibles ou non utilisées et d’informations produites par les utilisateurs naux. Le premier aspect recouvre l’Open Data. Le second vise à décentraliser la production d’informations urbaines par des communautés d’utilisateurs (des réseaux de transport, des services municipaux, des restaurants....) et à établir des services fondés sur des interactionsindividuelles(mutualisation de gardes d’enfants à la sortie de l’école, co-voiturage de quartier, systèmes localisés d’échanges ou de prestations...) grâce à des plateformes numériques.