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La ville intelligente dépasse cependant de la ville durable en ce qu’elle intègre pleinement les nouvelles opportunités et les nouveaux enjeux qu’apporte la transition numérique ces dernières années. Cette transition numérique, contrairement à la ville durable, n’a pas d’objectif intrinsèque ni d’idéal à atteindre. Il s’agit donc d’un ensemble de nouvelles technologies urbaines, que l’on peut nommer « ville numérique » ou encore « ville connectée », qu’il faut mettre au service du développement durable des villes. Ainsi, la ville intelligente peut être dé nie de manière simpli ée comme la réunion d’une ville durable et d’une ville numérique :
VILLE INTELLIGENTE = VILLE DURABLE + VILLE NUMÉRIQUE
Cependant, la transition numérique apporte également de nouveaux enjeux. En effet, « pour la première fois depuis l’organisation politique des sociétés, les pouvoirs publics font face à des
L’approche systémique de la fourniture de services publics ainsi que l’ouverture de la gouvernance répondent au besoin de mobiliser l’« intelligence collective » des territoires. L’innovation technologique, quant à elle, se traduit par une introduction de plus en plus massive d’« intelligence arti cielle » dans la fourniture de services publics. Il s’agit donc, pour les collectivités, de mettre l’«intelligence arti cielle» au service de l’« intelligence collective », et réciproquement. De manière simpliste, on peut donc dé nir l’intelligence des villes et des territoires de la façon suivante :
évolutions techniques qu’ils ne maîtrisent pas totalement » (Vidal). Les nouvelles technologies sont en revanche bien maîtrisées par de nouveaux entrants dans le champ de l’aménagement, générant un conflit avec les acteurs historiques. Si le numérique permet en effet une optimisation de l’action publique et l’apparition d’une nouvelle offre de services, il génère simultanément un risque d’« uberisation » des services historiques, selon une expression de plus en plus à la mode, ainsi que de transfert de ces services vers la sphère privée. De la même manière, la transition numérique induit des inégalités d’accès et de sensibilité aux nouvelles technologies au sein de la population des villes et des territoires, susceptibles de générer des fractures spatiales et sociales.
L’analyse de la notion de ville intelligente par l’entrée des objectifs poursuivis et par comparaison avec la notion de ville durable proposée dans cet article
INTELLIGENCE DES VILLES ET DES TERRITOIRES = INTELLIGENCE COLLECTIVE + INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Cette dé nition rend possible une typologie des stratégies des collectivités selon deux axes, caractérisant les degrés d’intelligence collective et d’intelligence arti cielle des projets (cf.  gure 2).
La mobilisation de l’intelligence collective, que Pisani désigne sous le terme de « Participolis », renforce l’acceptabilité sociétale des projets en associant très en amont les différentes parties prenantes au sein d’un processus ascendant (bottom-up). Le recours
conduit à dégager une méthode de développement territorial articulée autour de trois piliers :
1. Intégration : centrée sur l’usage, elle fait exploser les modèles d’organisation en silos et privilégie les approches transversales et systémiques ;
2. Inclusion : collaborative, elle associe citoyens, acteurs socioprofessionnels et chercheurs au sein d’une gouvernance ouverte et partagée a n de s’adapter au mieux au contexte local ;
3. Innovation:ens’appuyantnotamment sur les nouvelles technologies, elle fait apparaître de nouveaux modes de gouverner, de gérer, d’échanger, de faire du pro t, etc., qui modi ent en profondeur l’expérience que fait l’usager de sa ville ou de son territoire.
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...QUI INTÈGRE LES NOUVELLES OPPORTUNITÉS ET LES NOUVEAUX ENJEUX LIÉS À LA TRANSITION NUMÉRIQUE
DES STRATÉGIES TERRITORIALES VARIÉES, QUI ALLIENT INTELLIGENCE COLLECTIVE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
à l’intelligence arti cielle, autrement appelé « Datapolis » par Pisani ou « néo- cybernétique» par Picon, dans une logique plus descendante (top-down), fait davantage appel à des acteurs privés susceptibles d’apporter des  nancements propres.
Au regard de leurs contraintes budgétaires croissantes, les collectivités ont tout intérêt à attirer les investissements privés dans leurs projets. Cependant, cela peut se traduire par une perte de maîtrise par la puissance publique des politiques menées sur son territoire, et un éloignement des besoins des citoyens.


































































































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