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objets et des lieux, des êtres vivants, des informations, des signi cations qu’il relie par ses comportements. Ces univers, plus ou moins multiples et instables, mêlent le réel et le virtuel (le sens de cette distinctions’estompantjouraprèsjour). Les éléments les plus stables parmi les comportements qui les structurent constituent un mode de vie, c’est-à-dire une organisation de la vie quotidienne qui joue plus ou moins heureusement avec les multiples contraintes. Le style de vie dé nit le cadre de sens qui s’applique à cette organisation. Les diverses compositions vont d’un mode de vie complètement ritualisé et qui adhère totalement à un style de vie, par exemple celui des moines cloitrés, à la dérive de ceux qui ne parviennent plus à avoir de mode de vie parce qu’ils ne savent plus élaborer des comportements adéquats ou cohérents face aux aléas du quotidien. Tout mode de vie s’inscrit dans l’espace à travers des territoires de vie. Ceux-ci
se déploient à plusieurs échelles17 et leur plasticité dépend aujourd’hui surtout des modes de déplacement. Demain (et déjà maintenant) le numérique va augmenter cette plasticité, par exemple en réduisant unepartiedesdéplacementscontraints liés à l’approvisionnement et sans doute au travail. Les territoires de vie ont déjà un caractère individuel (ou à l’échelle de l’unité de vie) et leurs recouvrements, qui donnent corps à la notion de bassin de vie, sont en partie la résultante des déplacements contraints (par exemple la visite aux centres commerciaux). Le numérique peut augmenter cette individualisation. En même temps se développera, au niveau de l’offre, un univers déterritorialisé des services numériques au sein duquel les individus surferont, comme ils le font déjà. À long terme, la réalité territoriale perdra probablement son importante, pour être remplacée par autre chose, que nous ne connaissons pas encore.
Dans l’immédiat on ne voit pas encore comment se passer d’une organisation territoriale, porteuse de l’administration des ensembles sociaux, de l’exercice de la citoyenneté et de celle de la « violence légitime». La cohésion sociale, nécessairement problématique dans des contextes sociaux d’individuation et de mondialisation, a encore besoin d’un minimum d’ancrages territoriaux.
Cela fait beaucoup de territoires, de nature très diverse. A mon sens un grand enjeu des services numériques est de savoir s’ils vont favoriser (et de quelle manière) l’articulation entre ces différents territoires ou, en allant trop vite dans le sens de la tendance historique de la  n des territoires, contribuer à aggraver les tensions entre eux.
17. Le Moniteur n°5833, 11 septembre 2015, les dossiers de la rentrée article : Numérique, le BIM un atout pour la gestion du patrimoine, Julie Nicolas, p.68


































































































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