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Comment les ingénieurs territoriaux se préparent-ils, accompagnent-ils la transition numérique ?
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PATRICK BERGER, VOUS ÊTES PRÉSIDENT DE L’AITF. POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER L’AITF EN QUELQUES MOTS ?
L’AITF, née en 1937, est la plus grande communauté de pratiques et de savoirs de fonctionnaires territoriaux avec environ 5 000 membres. Elle est implantée dans toutes les strates de collectivités territoriales. Elle a pour principale mission d’organiser une solidarité inter-membres, de lutter contre l’isolement géographique et professionnel en s’appuyant sur 14 sections régionales et 19 groupes nationaux de travail couvrant tous les champs de l’ingénierie territoriale (transport, réseaux, SIG, énergie, urbanisme, espaces verts, déchets, propreté, architecture, logistique...)
L’ACTUALITÉ EST TOURNÉE VERS LES
TRANSITIONS : TRANSITION ÉCOLOGIQUE, TRANSITION NUMÉRIQUE. CES TRANSITIONS SONT- ELLES INITIÉES, SE CONCRÉTISENT-ELLES DÉJÀ SUR LES TERRITOIRES ? COMMENT, PAR QUOI SE TRADUISENT-ELLES ?
Les territoires sont actuellement en pleine mutation et pas uniquement sur le plan de leur gouvernance avec la création des grandes régions, des métropoles... Cette mutation se traduit dans le domaine de la transition énergétique par le développement des énergies alternatives, la possibilité de produire sa propre énergie au niveau local, le développement des quartiers à énergie positive ou dans le cadre du renouvellement urbain... Les usages dans les villes évoluent le développement des déplacements doux, des transports en commun mais aussi et surtout avec l’apparition de l’auto-partage qui ne nécessite plus forcément d’avoir son propre véhicule, à Paris, Lyon, Nantes... La transition écologique se traduit aussi par plus de nature en ville, la préservation de la biodiversité, le zéro-phyto, le développement de concept d’agriculture urbaine
à Rennes, Montpellier, Strasbourg... La mise à disposition des données numériques (Open Data), smart city, le BIM, la route intelligente, commencent à émerger et à susciter des nouvelles expériences, à Bordeaux, Lille, Marseille... La 3ème révolution industrielle est en marche dans le Nord. L’AITF suit avec attention toute cette mutation et a pris comme thème « Innovations et Territoires » pour ses prochaines Rencontres Nationales de l’Ingénierie Publique (RNIP), à Saint-Etienne, les 19 et 20 mai 2016, après qu’en 2015 nous ayons travaillé sur la thématique « Climat et Territoire ».
QUE SIGNIFIENT CES TRANSITIONS POUR LES SERVICES PUBLICS ET POUR LEURS INGÉNIEURS TERRITORIAUX ?
Ces «transitions» entraînent la nécessité de revoir les organisations des collectivités territoriales avec des systèmes de gouvernance beaucoup plus transversaux. La logique métier en silo est remise en cause. Le responsable « voirie » doit dialoguer avec le responsable des systèmes d’information. Le citoyen ou l’usager devient de plus en plus acteur par une mise à disposition des données de la collectivité et l’ingénieur territorial se transforme en animateur de la commande publique auprès des élus. Cela entraîne pour l’ingénieur une remise en cause permanente des outils et des processus qu’il met en œuvre, l’obligation d’aller rechercher des solutions dans des réseaux professionnels a n de béné cier de l’expérience des autres et de l’intelligence collective, d’aller rechercher des partenariats public-privé tout en restant le gardien de l’intérêt général, de béné cier d’une formation de qualité tout au long de sa carrière...
Par Patrick Berger, Président de l’AITF (Association des Ingénieurs Territoriaux de France)