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Les citoyens ont depuis longtemps été habitués à  nancer le service d’élimination de leurs déchets par le paiement d’une taxe d’enlèvement des ordures ménagères : calculée sur une base  scale foncière, elle présente le défaut de ne pas tenir compte de la taille réelle des ménages ni de la quantité de résidus effectivement con ée au service d’enlèvement. C’est pourquoi on tente depuis quelques années de la remplacer par la « redevance incitative» qui permet une facturation en fonction de la production de déchets du ménage. L’objectif est ici d’inciter l’usager à modi er son comportement en contrepartie d’une baisse espérée de sa facture. Mais pour parvenir à établir correctement la facture correspondante, encore faut-il pouvoir mesurer précisément la quantité de déchets remis à la collecte : les bennes à ordures sont donc équipées de systèmes de pesée embarquée qui enregistrent le poids des déchets, et identi ent leur producteur grâce aux puces électroniques apposées sur les bacs roulants. Mais des effets pervers et les risques d’incivilité ne sont pas à mésestimer dans ce domaine et les coûts afférents à ces nouveaux dispositifs non négligeables également !
Les techniques de traitement sont également influencées par le progrès numérique. Dans les usines d’incinération des déchets, il était admis qu’un poste déterminant était occupé
par le conducteur du pont roulant : chargé de manipuler le grappin qui saisit les déchets dans la fosse et les déverse dans la goulotte d’alimentation du four, il lui fallait non seulement faire preuve d’une habileté certaine pour manœuvrer cet énorme outil, mais il devait également repositionner en permanence les déchets dans la fosse et surtout effectuer un mélange des déchets a n d’homogénéiser la masse d’ordures et de réguler son pouvoir calori que, condition pour obtenir une combustion régulière et complète. Là encore, l’œil et l’expérience du «pontier» lui permettaient de s’acquitter de cette tâche indispensable au bon fonctionnement de l’installation. Mais aujourd’hui, si vous visitez une usine d’incinération des déchets, vous constaterez que le siège du conducteur du pont roulant est souvent vide : c’est un logiciel qui assure la manœuvre du grappin et la manutention des déchets à l’aide d’un radar embarqué sur le pont roulant ! De fait, le numérique a irrigué tous les circuits de régulation des unités de valorisation énergétique des déchets, permettant d’assurer une conduite performante de la combustion et un fonctionnement ef cace des systèmes d’épuration des fumées, garantissant à la fois une meilleure ef cacité énergétique et une réduction des émissions polluantes en cheminée. On trouve également sur certaines installations, des caméras infra-rouge visualisant
le feu, qui aident à l’optimisation de la combustion à l’aide de logiciels basés sur la logique floue (fuzzy logic) venant agir en tendance sur la régulation des fours.
Dans les centres de tri de collectes sélectives, le numérique a fait aussi son apparition dans les années 2000, avec la mise en place du tri optique. Les techniques ont été très largement développées et permettent désormais de relever les nouveaux dé s comme le tri des nouveaux plastiques, rendant possible l’extension des consignes de tri ou la préparation de flux de déchets à haut pouvoir calori que.
L’essor du numérique devrait se traduire par une « dématérialisation » de l’économie. Notons tout d’abord que cette démarche ne vise pas seulement l’abandon des supports papier et leur remplacement par une gestion électronique des données, mais plus généralement l’utilisation d’une moins grande quantité de matériaux pour une fonctionnalité donnée. Elle peut prendre différentes formes : remplacer la propriété d’un bien par l’achat du seul service qu’il procure, partager et emprunter des produits, etc. Tous ces nouveaux comportements ne seraient pas envisageables sans les connectivités permises par les technologies modernes de l’information. Pour ce qui concerne l’avènement du «zéro papier», si l’on n’ose plus af rmer aujourd’hui que ce processus permettra d’économiser autant qu’espéré les ressources naturelles et de contribuer aux objectifs de développement durable, il ne manquera pas en revanche de modi er signi cativement la composition des déchets : les liseuses et autres tablettes remplacent les livres et la presse écrite, réduisant progressivement le gisement de matériaux à recycler et posant de nouveaux dé s aux industriels du recyclage, comme la récupération de matériaux rares et coûteux nécessaires au développement de l’économie numérique.
Les villes de demain seront de plus en plus « connectées », et ce phénomène ne manquera pas de relier des services a priori différents. Ainsi, les consommations d’eau potable des abonnés pourront


































































































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