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Des nouveaux emplois qui se développeront en lien direct avec l’informatique. Par exemple, les «data scientists » auront la charge de traiter la masse importante de données collectées, ce qui devrait permettre
« L’intelligence numérique
est notre avenir.
Nous sommes nés et
nous vivons avec. »
Marie-France Barrault, étudiante à l’eSaiP*
d’optimiser certains services en mettant en relation, par exemple, les « données » déchets et les « données » assainissement. De même, les relations avec les usagers évolueront du fait du numérique. Aussi, il pourra être utile de développer des postes de « community manager » qui assureraient le lien entre les services et les usagers et qui faciliteraient l’utilisation des interfaces par ces derniers.
Les formations techniques, universitaires et continues illustrent bien ce changement dans les pratiques et dans les attentes concernant les compétences de demain. On peut ainsi voir l’émergence du Bachelor Ville Numérique & Développement Durable
à l’IT Paris Eiffel ou encore le Master Spécialisé CREACITY à Poly Tech Lille, qui allient aussi bien des compétences en environnement que dans le numérique. Ces formations sont remarquables au sens où la première s’intéresse d’abord à l’informatique pour s’ouvrir à l’environnement tandis que la deuxième part de l’ingénierie pour aller vers le numérique. Cependant, bien d’autres formations s’efforcent de construire les compétences de demain.
Notre génération a une af nité forte avec les outils numériques. Aussi, elle s’emparera de ces outils plus facilement et saura saisir les nombreuses opportunités professionnelles émergentes.
Le champ des possibles ouvert par le numérique est donc vaste et séduisant. Toutefois, il n’est pas question pour nous d’y plonger sans réflexion, sans prendre le temps nécessaire du recul et de l’analyse.
CE QU’IL RESTE À INVENTER...
Lorsque nous nous interrogeons sur l’impact de la transition numérique sur les services urbains de l’environnement, pourquoi ne pas laisser libre cours à nos envies d’invention ? Ce saut dans l’espace-temps participe également au questionnement sur le futur des services et de nos métiers...
Que penseriez-vous de techniciens travaillant à bord d’un véhicule intelligent qui serait en permanence connecté au réseau ? Ces techniciens seraient ainsi informés au préalable du type de fuite, du matériel d’intervention nécessaire et des éventuelles pollutions provoquées. Nous y sommes presque aujourd’hui, car des maquettes numériques en réalité augmentée permettent, déjà, de repérer les câbles et réseaux au travers des murs14.
Certains imaginent la possibilité de connecter les toilettes pour réguler l’apport en eaux usées en fonction de la météorologie.
Le numérique pourrait faciliter les synergies entre les trois domaines des services environnementaux. Cela permettrait même d’envisager l’assainissement écologique de demain qui requiert d’allier gestion des eaux, assainissement et collecte des déchets.
En effet, l’assainissement du futur pourrait passer par la séparation des urines et des fèces, ce qui induit de penser autrement la collecte des eaux usées, a n de la mettre en relation avec la gestion des déchets et en cohérence avec le cycle de l’eau.
Cela impliquera un bouleversement de la gouvernance des services publics. Si aujourd’hui les usagers sont contraints d’utiliser les services publics mis à leur disposition du fait du poids des infrastructures (réseaux, camions de collectes, etc.), il est permis d’imaginer « l’uberisation » des services publics où les citoyens choisiraient à qui ils con ent leurs déchets. Pour l’eau potable cependant, l’ef cience des réseaux d’eau, comparée à celle d’autres systèmes, est loin d’être remise en cause.
« Un bon exemple [des opportunités offertes par le numérique] serait la détection d’anomalie en terme de qualité d’eau ou de fuites sur un réseau, sans analyse de l’homme. »
aurélien cohu, ingénieur FiaBilité SyStèMe (eFFluentS et environneMent) chez edF
14. Le Moniteur n°5833, 11 septembre 2015, les dossiers de la rentrée article : Numérique, le BIM un atout pour la gestion du patrimoine, Julie Nicolas, p.68