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LE RUISSELLEMENT ÉROSIF EN PAYS DE CAUX
La Seine-Maritime (76) est fréquemment touchée par des problèmes récurrents liés au ruissellement érosif (ravines, coulées boueuses, turbidité des captages d’eau potable, etc.). L’expansion des labours et des zones urbanisées, en amont des bassins versants, au détriment des prairies, aggrave les dommages en aval (coulées boueuses, brusque montée de la turbidité de l’eau des captages, etc.). Ces changements d’occupation du sol répondent à des logiques économiques : moindre rentabilité des activités d’élevage pour le secteur agricole par rapport aux grandes cultures et moindre valeur vénale de ces terres dans un contexte de forte pression d’urbanisation. Ces logiques économiques de court terme des agriculteurs et des maires des communes amont ne sont qu’en partie contrecarrées par les outils d’aménagement territorial (PLU, SCOT, SAGE, contrat de rivière).
Ce processus de ruissellement érosif se caractérise par une disjonction entre
les zones productrices de ruissellement à l’amont des bassins versants et les zones de départ de terre à l’aval. S’en prémunir requiert une combinaison cohérente à l’échelle du bassin versant d’actions relevant de politiques publiques trop sectorielles (agriculture, urbanisme, gestion de l’eau). Or, de nombreux sites offrent la démonstration d’une absence d’actions spatialement organisées fondées sur une solidarité de bassin versant. L’érosion n’est pas vécue comme un problème collectif ou public, mais comme une simple « gêne » d’ordre privé ou de voisinage entre agriculteurs, ou entre agriculteurs et urbains. Il est assez dif cile de s’engager spontanément dans une démarche préventive collective lorsque les gens ne se sentent pas eux-mêmes signi cativement impactés ou qu’ils ne sont pas conscients de leurs propres responsabilités. Les syndicats de bassins versants peinent ainsi à instaurer des aménagements d’hydrauliques douces
sur l’amont pour réduire les problèmes à leur source (prairies en talweg et bandes enherbées, haies ou fascines sur les terres labourées). Ils privilégient des solutions curatives localisées à l’aval (bassins de rétention en protection des zones habitées). Imaginer une gestion collective de l’espace est donc un véritable dé  d’autant plus que ce management environnemental, commandé, en quelque sorte, par les processus naturels à maîtriser, ne laisse pas aux acteurs la libertéduchoixavecquicoopérer.Dans ce contexte, la concertation, comme approche de gestion, prend donc tout son sens en incitant à la réalisation d’instances collectives de discussion. Dans ces groupes, les acteurs n’ayant pas conscience au départ d’une possible convergence d’intérêts peuvent confronter leurs représentations de la réalité et délibérer sur un plan d’actions intersectorielles pour une gestion durable de la ressource.
supportd’animationdetypejeuderôles informatisé pour : i) mettre en visibilité les phénomènes d’érosion et les effets d’aménagements à l’échelle de la parcelle, mais aussi dans leurs continuités amont/ aval ; ii) souligner les concurrences et interactions entre dynamiques agricoles, environnementales et urbaines ; iii) et susciter des débats sur les possibilités/ contraintes de différentes formes de solidarité pour réduire les risques d’érosion.
MODÉLISATION D’ACCOMPAGNEMENT
Dans le cadre du projet SURGE (Programme Eaux et Territoires), une démarche de modélisation d’accompagnement (Etienne et al., 2010) a été lancée sur le territoire du SAGE Cailly-Aubette-Robec. Le déroulement de cette démarche s’est fait en plusieurs étapes, en alternant phases de terrain et phases de travail en laboratoire. Elle a débuté par une phase d’identi cation de porteurs locaux qui ont été sensibilisés à cette démarche et avec lesquels nous avons un enjeu de ce territoire :
«Comment mettre en œuvre des aménagements d’hydraulique douce sur le territoire du Haut-Cailly, a n de limiter les problèmes de ruissellement érosif et de turbidité des eaux aux captages, en complément des ouvrages structurants réalisés par les collectivités ? ». Ensuite, nous avons co-conçu un modèle conceptuel de fonctionnement du territoire et de genèse des processus liés au ruissellement, cohérent avec leurs vécu et perceptions. Il a servi de base à la construction participative d’un


































































































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